Il est vingt-deux heures, c'est l'heure du "journal" sur France cul, j'entends des mots, ils se succèdent pour décrire le monde, et il va comment le monde ?

Je zappe, comme une succession individuelle de moments, de mots et d'images. Big browser m'a induit dans la culture du moment, de l'incapacité à durer, mais de me contenter de la faible intensité répétitive, propice à l'embellie, la force, la puissance de l'éphémère. Mon mégot, mal éteint, continue de fumer dans le cendrier. Orwell n'est pas loin, et leurs esprits libres parcourent le monde, et se perdent dans les méandres du capitalisme à nouveau visage.

La Chine s'éveille. L'Iran joue les Perses sur le damier, depuis que le jeu s'est simplifié. Les Turcs (anagrammes de trucs) sont forts, ils admettent la polygamie, et récusent l'adultère. Quid de la polyandrie ? L'Europe se démultiplie, et cherche encore, de manière assidue, et ce n'est pas ici que cela se joue, "comment vivre ensemble". Le mégot ne fume plus, j'ai déjà rallumé une cigarette. Tout est dans la fumée fugace et éphémère. Je fume, j'aime bien penser à Sartre, Prévert, Malraux, toujours avec un clope ou une pipe au bec, voire même à Mégret (Jean Richard), enfant de la télé. Aujourd'hui c'est demain.

Un jour j'arrêterai, car je serais intelligent, et ne porterais pas atteinte moi-même à moi-même. En attendant, je savoure à longueur de journée la radio, et le son, celui décalé des oreilles. J'y entends la pensée des autres, et les thèmes qui les préoccupent. Une fois c'est le budget et l'économie, sujet majeur du vivre ensemble, qui fait débat, et ressemble à une vitrine électorale pour fils d'immigré, sermonné par le rapport intermédiaire de la cour des comptes sur les politiques publiques d'intégration. Ce qui compte c'est d'où je m'exprime.

C'était la journée de la mobilité, sans voiture. J'aime rouler à vélo. Le temps s'y prête assez bien depuis que le climat se réchauffe. Et des voitures coincées parce que le "centre" est fermé à tout ce qui n'est pas "en commun" ou non polluant, y'en a. En les observant, ils ont tous quelque chose à faire dans leur habitacle clos, paraît-il que c'est le dernier endroit où nous apprécions le plus le son, musique et radio. Y-a le temps, surtout qu'il change.

Cela fait un moment qu'il n'y a pas eu de parenthèses. Zoom avant.

Le budget agricole européen est cinq fois supérieur à celui de la recherche. Paraît-il qu'il y a moins d'innovations de nos jours. Les Américains consacrent trois pour cent de leur P.I.B. dans leur politique de R&D, essentiellement tirée par l'industrie militaire. Devenir intelligent, tel était le défi. Bon en physique et en maths, c'est tout bon pour le nucléaire. Même les Perses ont transformé la rotation des derviches en centrifugeuses. 27% des téléspectateurs plébiscitent la première chaîne française comme la représentation d'un se(r)vice public. Mûrs, nous sommes mûrs pour une nouvelle dictature. René Char me titille, je ne le connais pas mais ses mots m'émeuvent. Je cours le web, je bookmark, je suis l'échelle et le pas suivant. Reste à inventer la grammaire de l'hypertexte, est-ce que le complément d'objet s'accorde avec le sujet ou le complément ?

Je bois. Mercredi, c'est le jour du Canard, faire durer. Enfin, pas trop, il y'en aura un nouveau la semaine prochaine.