Non, ce n'est pas le bruit d'une balle qui siffle, mais, beaucoup plus simplement le Schéma de Développement Régional d'île de France, à vos souhaits. Grosse enquête démocratique et tout et tout. Je me sens concerné, on me demande mon avis. Vraiment. C'est tous les jours que j'y suis en IDF.

Dire que le site est has been, c'est rien de le dire, avec trois vieilles frames de derrière les fagots, on sent l'essor de la R et D en la matière, et de la diffusion des bonnes pratiques dans cette société de l'information. Mais ce n'est pas seulement le site qui m'a interpellé au niveau du vécu. C'est la teneur de l'enquête qui a retenue mon attention.

Déjà, il faut avoir bac+5 pour comprendre les questions "pédagogiques", avec des choix fermés (2 réponses), qui laissent rêveur quant à la dichotomie idéologique de ses concepteurs:

  • Soit c'est solidaire
  • Soit c'est l'emploi
  • Soit c'est les transports
  • Soit c'est la culture
  • Soit c'est le logement
  • Soit c'est l'éducation
  • Soit c'est la pollution

Décrire la RIF que je souhaiterais laisser à mes enfants en cinq mots, c'est de la poésie. Imagine the People, Give peace a chance, que des airs auxquels j'aurais bien voulu croire mais la donne a changé depuis qu'une banque sert de relais à mon imagination.

Sans argent pas de solidarité, avec un emploi on peut avoir un peu d'argent, mais il faudra "cramer" un sacré paquet d'énergie pour le trouver, le garder, et en changer, j'espère que j'aurais la possibilité de me former (encore !) sans que cela ne soit qu'une nouvelle fois, une question d'argent. J'aurais utilisé de nombreuses fois des trains bondés ou vides dans une commutation domicile (j'ai de la "chance", je suis dans un logement social), travail (ouf, j'en ai un à "vie"), qui relève de l'aventure urbaine.

Je dominerais royalement le flot ininterrompu de voitures qui s'éfilochera à mesure que la périphérie s'étend. Je tenterais de respirer dans une lumière tout à coup devenue jaune souffre, à la faveur d'un soleil couchant qui embrase de ses rayons les nuages bas et lourds.

De toutes les nations, que la RIF a contribué à fabriquer, je serais solidaire par l'air que je respire, l'eau que je ne bois pas, la nourriture industrielle que je ne mange pas, la consommation que je ne consumme pas.

Abandonné loin de tout centres de décision dans un désert si large qu'il n'est plus habité que par des monuments, j'arpenterais les chemins du désir à la recherche de ces petits oiseaux gris, les piafs. Je prendrais alors conscience qu'en à peine le temps d'une petite génération, il n'y a déjà plus de ces êtres légers qui couvraient de leur pioupiou la rumeur de la ville. Sourd de bruits, de balladeur, de téléphone, j'aurais hâte de rejoindre l'hospice où l'on me jettera une gamelle de soupe avec bioéléments et nanocorrecteurs selon la dose prescripte sur Internet où j'aurais été identifié par l'apposition de mon iris dans la Kam.

Tout cela représenterait l'essentiel de ma culture et nous n'aurions de cesse que de la partager à l'échelle de la planète, quelque soit notre couleur de peau, de religion, nous serions investis d'une mission civilisatrice et universelle et avancerions sous la banière étoilée du progrès et de la croissance dans un univers froid mais démocratique.

J'aurais une pensée pour mes enfants qui ont grandi loin, et mon ex qui un jour en a eu assez du célibat géographique et s'est installée seule dans un village breton où les enfants ne sont admis que s'ils aiment les crêpes et les livres.

J'ai toujours aimé la science-fiction.